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Julien Prioux crée son entreprise de travaux publics.
À son retour de Californie, Julien Prioux crée son entreprise de travaux publics, d’abord à Morlaix puis à Landerneau (Voas Glas). En novembre 1860, il obtient le marché de rectification de la route impériale n° 164 (actuelle D 764) entre le carrefour du Keff, situé sur la commune de La Martyre, et Landerneau.
Il pense exécuter son chantier en deux ans. Mais en juillet 1862, des roches quartzeuses très dures ralentissent énormément les travaux. Ces rochers se situent sur la rive gauche du Morbic près du moulin de Kermadec.
Voici ce qu’en dit l’ingénieur des Ponts et Chaussées :
Les schistes et les quartz, les premiers forment la masse la plus considérable ; en un seul point ils représentent une tranchée de 14 000 mètres cubes ouvert dans un énorme rocher en saillie sur le flanc du coteau que suit la route. Ce rocher constituait une difficulté telle que les ingénieurs hésitèrent longtemps avant d’adopter ce tracé, puis ils proposèrent d’ouvrir la route en souterrain sur ce point et c’est en dernier lieu seulement qu’on se décida à y faire une tranchée à ciel ouvert sur une profondeur qui atteint 14 mètres.
Brest, le 26 novembre 1862.
L’ingénieur A. Rousseau
La route est finalement livrée à la circulation en juin 1864 avec 18 mois de retard.
Si les plaques de cocher vous intéressent, rendez-vous sur le site de Patrick Rollet qui recense le patrimoine routier.
Le tracé de rectification de la route nationale n° 164 entre La Maison de Terre (Ty Douar) et Landerneau est approuvé le 5 novembre 1846.
Le décret est publié le 5 octobre 1849 mais les travaux ne commencent que onze ans plus tard.
Pour mieux visualiser les tracés de l’ancienne et de la nouvelle route sur une carte de 1848, c’est par ici !
Travaux de rectification de la route impériale n° 164 entre la Maison de terre et Landerneau — 1re partie du chemin de Ploudiry à Landerneau sur une longueur de 7 535 m.
Cette portion de route va du Keff à Landerneau en longeant le ruisseau du Morbic. Il s’agit de l’actuelle D 764.
L’appel d’offres des travaux est lancé en octobre 1860 et le procès-verbal d’adjudication a lieu le 9 novembre suivant. Les travaux sont attribués à Julien Prioux, entrepreneur à Morlaix.
Cejourd’hui 9 novembre 1860,
En conséquence des affiches publiées sous la date du 16 octobre dernier et ayant pour objet d’annoncer la mise en adjudication des travaux désignés ci-dessus, qui sont compris aux Devis et Détail estimatif approuvés par décision de M. le ministre de l’Agriculture, du Commerce et des Travaux publics, en dates des 11 février 1853 et 12 octobre 1860 et qui ont été évaluées à 266 613,99 F non compris une somme à valoir de 13 386,01 F.
Noms des soumissionnaires | Montant dudétail estimatif | Montant dessoumissions | Rabais |
---|---|---|---|
Loyer Jean Baptiste, Carhaix | 266 613,99 F | 261 281,71 F | 5 332,28 F à raison de 2 % |
Aubry Paul Antoine, Rostrenen | 266 613,99 F | 245 284,87 F | 21 329,12 F à raison de 8 % |
Bory Simon, Édern | 266 613,99 F | 261 281,71 F | 5 332,28 F à raison de 2 % |
Parris Baptiste, Pontchâteau (Loire-Inférieure) | 266 613,99 F | 255 949,43 F | 10 664,56 F à raison de 4 % |
Prioux Julien, Morlaix | 266 613,99 F | 226 621,89 F | 39 992,10 F à raison de 15 % |
Il résulte de cet état, que l’offre la plus avantageuse a été faite par le sieur Prioux Julien Vincent, entrepreneur à Morlaix.
En conséquence, nous, préfet du département du Finistère, après avoir pris l’avis du Conseil de préfecture, avons proclamé le dit sieur Prioux, adjudicataire des travaux sus-désignés, à 15 % au-dessous des prix indiqués au détail estimatif dont le montant se trouve ainsi réduit à la somme de 226 621,89 F.
Les travaux vont bon train, mais les crédits ne suivent pas !
L’ingénieur ordinaire de l’arrondissement de Brest
à Monsieur l’ingénieur en chef du département.
[...] L’entrepreneur marche actuellement avec une assez grande activité ; il serait fâcheux d’être obligé de l’arrêter. Ne pourrait-on pas obtenir un nouveau crédit ? [...]
L’ingénieur A. Rousseau
Julien Prioux pense terminer ses travaux avant la fin de 1862.
L’ingénieur ordinaire de l’arrondissement de Brest
à Monsieur l’ingénieur en chef du département.
L’entrepreneur de la rectification de La Martyre m’a exprimé le désir de ne pas voir augmenter sensiblement son crédit. Il se croit en mesure, et je partage cette confiance, de livrer la nouvelle route au public à la fin de 1862. [...]
L’ingénieur A. Rousseau
Retard de crédit, l’entrepreneur se trouve à découvert de 25 000 F.
Je suis étonné de n’avoir pas encore reçu de crédit pour la rectification de La Martyre. Ce retard m’inquiète un peu, je vous l’avoue ; car l’entrepreneur, bien que prévenu par moi, marche toujours et se trouve déjà à découvert de plus de 25 000 F. Il serait fâcheux de désorganiser le chantier ; et l’entrepreneur y répugne beaucoup. S’il avait la certitude d’avoir seulement 50 ou 60 000 F cette année, il marcherait quand même et tâcherait de finir dans la campagne. Il me l’a répété plusieurs fois à ma dernière tournée. [...]
L’ingénieur A. Rousseau
Malgré quelques retards dûs à des aléas de financement, Julien Prioux pense toujours livrer la route à la circulation avant la fin de l’année.
Quimper, le 12 juin 1862
Monsieur le Préfet
[...] Le commerce et l’agriculture attendent avec une vive impatience l’achèvement de ce travail, il est assez avancé pour que la nouvelle route puisse être livrée cette année à la circulation [...]
L’ingénieur en chef Aumaître
Au mois de juillet 1862, les ouvriers rencontrent des difficultés imprévues. En effet, du quartz extrêmement dur est découvert dans un énorme rocher près de Traon Perenès. Ce rocher a, d’ailleurs, déjà fait hésiter les ingénieurs sur le tracé de la route.
L’entrepreneur réclame « que l’administration le dédommage comme elle l’a déjà fait pour les entrepreneurs du chemin de fer de Rennes à Brest dans des conditions analogues ».
Par une pétition adressée à M. le préfet du Finistère à la date du 26 juillet 1862, le sieur Prioux, entrepreneur de la rectification de la route impériale n° 164 entre le chemin de La Martyre et Landerneau, sollicite l’augmentation de ses prix de déblais à raison des difficultés imprévues qu’il dit avoir rencontrées dans l’exécution de ses travaux. Il expose qu’il perd énormément sur tous les déblais des roches qui font une portion considérable de son entreprise et il demande que l’administration le dédommage comme elle l’a déjà fait pour les entrepreneurs du chemin de fer de Rennes à Brest dans des conditions analogues.
Nous avons suivi depuis l’origine les travaux du sieur Prioux et nous avons pu nous assurer tant par l’examen des opérations de l’entrepreneur que par des expériences directes des pertes qu’il éprouvait. Nous ne prendrons point cependant ces expériences directes comme bases de nos évaluations. Faites en petit alors que la plus grande partie des terrassements était déjà achevée, elles ont porté sur des roches d’une difficulté exceptionnelle et ne doivent indiquer qu’une limite supérieure du prix auquel l’extraction peut s’élever.
Toutefois comme cette limite supérieure est elle-même un indice assez précieux de la nature des rochers extraits, nous signalerons que sur plusieurs points le déblai de rocher attaqué, non en cuvettes, mais à flanc de coteau, est revenu à plus de 20 F par mètre cube.
Les rochers que le sieur Prioux a rencontrés dans ses déblais peuvent se diviser en deux classes.
Les schistes et les quartz, les premiers forment la masse la plus considérable ; en un seul point ils représentent une tranchée de 14 000 mètres cubes ouvert dans un énorme rocher en saillie sur le flanc du coteau que suit la route. Ce rocher constituait une difficulté telle que les ingénieurs hésitèrent longtemps avant d’adopter ce tracé, puis ils proposèrent d’ouvrir la route en souterrain sur ce point et c’est en dernier lieu seulement qu’on se décida à y faire une tranchée à ciel ouvert sur une profondeur qui atteint 14 mètres. [...]
Brest, le 26 novembre 1862.
L’ingénieur A. Rousseau
La réclamation de Julien Prioux suit son cours...
[...] et qui sont relatives à une réclamation formée par l’entrepreneur des travaux de rectification de la route impériale n° 164, entre le chemin de La Martyre et Landerneau, dans le but d’obtenir qu’une indemnité lui soit accordée pour compenser les pertes que lui fait éprouver l’exécution des déblais de roches que comporte son entreprise.
MM. les ingénieurs sont sincèrement favorables à cette réclamation. Ils exposent qu’effectivement l’entrepreneur a rencontré dans l’exécution de ses déblais, une certaine masse de quartz, extrêmement durs, qui n’avaient pas été prévus lors de la rédaction du projet ; que l’extraction de ces quartz a donné lieu à des difficultés exceptionnelles dont il est équitable de tenir compte à l’entrepreneur.
MM. les ingénieurs proposent en conséquence un nouveau prix de déblais qui serait fixé à 7,50 F. Ce prix s’appliquerait à l’extraction de 4 000 mètres cubes de quartz et serait d’ailleurs passible du rabais de 15 % souscrit par l’entrepreneur lors de l’adjudication.
Je ne puis, M. le Ministre, qu’appuyer ces propositions [...]
En mars 1863, le ministre des Travaux publics accède à la demande de l’entrepreneur.
Paris, le 6 mars 1863
Monsieur le Préfet,
J’ai examiné en conseil général des Ponts et Chaussées (section des Routes et Ponts) les pièces relatives à la réclamation présentée par le sieur Prioux, adjudicataire des travaux de rectification de la route impériale n° 164, d’Angers à Brest, entre le chemin de La Martyre et Landerneau, à l’effet d’obtenir une indemnité à raison des pertes qu’il aurait éprouvées dans son entreprise. Cette réclamation est basée sur les difficultés imprévues que l’on a rencontrées pour l’extraction des rochers, principalement au vallon de Traonperenès, extraction qui serait revenue en moyenne à 10 F le mètre cube.
[...]
Il résulte des explications qui précèdent qu’on a trouvé en exécution, dans une partie des déblais de la route, une nature de terrain désignée sous le nom de quartz compact avec pyrites de fer, qui n’avait pas été prévue au projet et à laquelle les prix du détail estimatif ne sont pas applicables.
Dans ces circonstances, le Conseil des Ponts et Chaussées estime qu’il y a lieu de composer un nouveau prix, lequel devra être accepté par l’entrepreneur [...]
Il conviendra d’ailleurs d’inviter MM. les ingénieurs à expliquer pourquoi ils ont attendu la fin de la campagne pour donner suite à la réclamation de l’entrepreneur formulée dès le mois de juillet 1862.
Suite à la demande du Ministère, les Ponts et Chaussées rédigent un rapport complet sur les difficultés rencontrées par l’entrepreneur.
Le 4 mai 1863
Route impériale n° 164
Rectification de La Martyre
Augmentation de prix
Rapport de l’Ingénieur ordinaire
À la date du 26 juillet 1862, le sieur Prioux, entrepreneur de la rectification de la route impériale n° 164 entre le chemin de La Martyre et Landerneau adressait à M. le préfet du Finistère une pétition tendant à obtenir l’augmentation de ses prix de déblais, à raison de difficultés imprévues.
Cette pétition nous a été transmise le 29 du même mois. À cette époque le crédit affecté aux travaux de la campagne était déjà complètement épuisé. Les déblais de rochers exécutés jusque-là par l’entrepreneur consistaient presque entièrement en schistes plus ou moins compacts qui forment du reste la majeure partie des déblais de rochers de cette entreprise.
L’entrepreneur se fondant sur les augmentations de prix accordées sur quelques points aux entreprises du chemin de fer et sur les pertes bien évidentes qu’il éprouvait même dans les déblais de schistes demandait qu’il lui fût accordé un prix nouveau applicable à cette nature de rochers.
Cette demande ainsi présentée, nous a paru mal fondée. L’entrepreneur éprouvait des pertes, il est vrai, mais non par suite de difficultés imprévues ; car les roches schisteuses formant une portion très notable de ses déblais étaient presque partout apparents à fleur du sol ; elles étaient exploitées comme carrière dans la vallée même ou passe la route ; c’est sur elles qu’avaient dû naturellement être basées les prévisions de l’auteur de projet et celles de l’adjudicataire. Il n’y avait donc point là de difficultés imprévues et, si l’entrepreneur se trouvait en perte, il ne pouvait s’en prendre qu’à l’exagération de son rabais.
Il est vrai qu’outre les déblais schisteux, l’entrepreneur avait aussi rencontré dans ses terrassements des masses de quartz compacte mélangé de pyrite de fer et dont l’extraction présentait une difficulté excessive. C’était là, sans aucun doute un fait imprévu ; car le bordereau n’admet qu’une seule nature de rochers et l’extraction de ces quartz ne peut en aucune façon être assimilée à celles des schistes.
Appliquée aux roches quartzeuses, mais seulement à celles-là, la réclamation de l’entrepreneur nous paraissait admissible et nous lui avons tout d’abord exprimé notre opinion à cet égard.
Dans ces conditions, nous ne pouvions que surseoir à l’instruction de sa demande ; car, tandis que les déblais de schistes étaient partout fort avancés, les déblais de quartz étaient au contraire à peine commencés. L’épuisement du crédit ouvert, l’approche de la moisson avaient du reste complètement désorganisé le chantier et nous ne pouvions guère nous prononcer en connaissance de cause sur un travail qui restait encore complètement à faire.
Dans le courant de l’automne, l’entrepreneur encouragé par l’annonce d’un faible supplément de crédit provenant d’un virement et par l’approche d’un nouvel exercice, continua avec un atelier très restreint ses travaux de déblais ; nous fîmes faire nous-mêmes quelques expériences dans le quartz restant à extraire et nous arrivâmes ainsi à nous faire une idée assez précise non de la dépense que l’entrepreneur aurait à faire pour l’extraction de ces rochers, mais au moins de leur nature et de leur quantité.
Pour compléter les instructions de la demande formée par le sieur Prioux nous ne pouvions mieux faire que de nous adresser aux ingénieurs du chemin de fer et de consulter les expériences acquises par eux dans des travaux exécutés en grand dans des conditions analogues.
C’est ce que nous avons fait et c’est sur l’avis de ces ingénieurs et par assimilation avec les roches extraites par eux que nous avons fixé à 7,50 F le prix d’extraction de nos quartz compacts.
Telle a été la marche suivie par nous dans l’instruction de cette affaire.
La désorganisation des chantiers, causée par le manque d’argent et les opérations de la moisson, l’impossibilité où nous étions de formuler une opinion précise sur des travaux non encore exécutés, ne nous ont pas permis d’expédier immédiatement notre avis sur la réclamation de l’entrepreneur.
Nous l’avons fourni néanmoins dans un rapport en date du 26 novembre 1862, mais sur des données encore un peu incertaines (?) les travaux n’étaient point achevés.
Dans ce rapport nous établissions aussi nettement que possible la distinction entre les roches schisteuses prévues au projet et les quartz compactes mélangées de pyrites de fer, évidemment non prévues et présentant une difficulté exceptionnelle ; nous étions d’avis qu’il y avait lieu d’accorder à l’entrepreneur un prix spécial pour ces dernières roches et nous avions fixé ce prix à 7,50 F.
Dans une dépêche en date du 26 mars 1863, M. le ministre des Travaux publics admet la distinction établie par nous des schistes et des quartz. Mais il demande que la réclamation de l’entrepreneur soit instruite dans la forme indiquée par l’article 22 des clauses et conditions générales et que, par suite, il soit composé un nouveau prix, lequel devra être accepté par l’entrepreneur et appliqué aux quantités de quartz compactes constatées par des attachements réguliers.
Nous avons en conséquence composé un sous-détail du prix d’extraction des quartz compactes. Nous avons fait métrer aussi exactement que possible les quantités de roches de cette nature que l’entrepreneur a remonté dans ses déblais. Cela nous était facile, aujourd’hui que les terrassements sont à peu près terminés. Le cube total auquel nous sommes arrivés n’est pas très différent de celui que nous annoncions au mois de novembre dernier.
Cependant, sur l’observation de l’entrepreneur, nous avons constaté qu’il s’était rencontré dans quelques- uns des déblais de schistes exécutés en dernier lieu des couches de quartz compactes d’épaisseur variable mais atteignant jusqu’à 3 m et auxquelles il nous a paru juste d’appliquer le nouveau prix. En définitive, nous trouvons dans les déblais de la rectification une quantité totale de quartz s’élevant à 4891 m3.
Cette quantité donne lieu à une augmentation de 5,84 F par mètre cube, soit en tout 28 563,79 F déduisant le rabais de 15 %, nous arrivons à une augmentation effective de 24 279,22 F, comme nous l’avons dit plus haut, cette somme ne suffira certainement pas à compenser les pertes que l’entrepreneur a éprouvées sur l’ensemble de ses déblais de roches ; mais nous pensons que l’administration ne peut et ne doit rien faire de plus.
Nous reconnaîtrons cependant de nouveau que, dans le cours de son entreprise, le sieur Prioux a toujours fait preuve d’intelligence, d’activité et de bonne volonté. L’exiguïté des crédits qui lui ont été accordés ces deux dernières années l’a forcé de désorganiser en majeure partie un atelier nombreux et bien dirigé et le tient en suspens beaucoup plus longtemps qu’il ne devait s’y attendre.
Nous devons faire observer aussi que tous les entrepreneurs du chemin de fer qui ont rencontré des quartz dans leurs déblais ont obtenu pour l’extraction de ces roches un prix de 7,00 F par mètre cube, bien que ces roches affrissent (? ? ?) à M. le ministre des Travaux publics, elles répondent à la dépêche ci-jointe du 6 mars dernier, que vous m’avez communiqué.
Les travaux avancent mais les crédits manquent.
Il serait fâcheux de ne point livrer encore cette année la nouvelle route au public. Les terrassements et les travaux d’art sont aujourd’hui terminés ; l’empierrement est déjà fait sur une longueur de deux kilomètres environ, il ne reste plus qu’à le compléter et à cylindrer la route pour qu’elle puisse être ouverte à la circulation. Tous ces travaux peuvent être faits très facilement avant le retour de la mauvaise saison.
Nous demandons en conséquence qu’il nous soit accordé un nouveau crédit de 35 à 40 000,00 F qui nous permette d’achever complètement cette année nos travaux de la rectification de La Martyre.
Brest, le 27 mai 1863.
Signé : Rousseau
Le Ministère répond positivement à l’augmentation des dépenses.
En réponse aux observations qui leur ont été faites par l’Administration, MM. les ingénieurs exposent qu’ils ont attendu la fin des travaux pour connaître avec certitude les cubes de déblais quartzeux extraits par l’entrepreneur. Ce cube montant à 4891 m3 ainsi que le nouveau prix de 7,50 F ont été acceptés par lui. Il en résulte définitivement, rabais déduit, une augmentation de dépense de 24 279,22 F dont MM. les ingénieurs demandent l’approbation.
[...] il y a lieu d’approuver le nouveau prix.
Les travaux seraient terminés à la fin février 1864.
M. Philippe indiquait cependant que ces travaux seraient terminés à la fin de février [...]
Je vous prie de faire payer à l’entrepreneur la somme importante qui me parait lui être due actuellement. Rien ne me paraît s’opposer non plus à ce que vous lui délivriez le solde de l’exercice 1863.
Aumaître
Le procès-verbal de réception définitive est établi le 10 octobre 1865 et la récapitulation des paiements et solde à verser à l’entreprise Prioux est rédigée le 14 octobre.
Exercices | Nature des fonds | Montant des certificats | |
---|---|---|---|
1860 | Trésor | 12 293,29 F | |
1861 | Trésor | 110 028,56 F | |
1862 | Trésor | 33 049,06 F | |
1863 | Trésor | 29 187,01 F | |
1864 | Trésor | 37 177,40 F | |
1865 | Trésor | 32 971,16 F | |
Montant du présent certificat | 4 075,09 F | ||
Les dépenses s’élèvent à | 258 781,57 F |
La route de La Martyre à Landerneau est livrée à la circulation depuis le 4 juin 1864.
Après la réception définitive des travaux, Julien Prioux peut demander le remboursement de son cautionnement.
Les travaux étant terminés, les Ponts et Chaussées donnent leur accord pour le remboursement du cautionnement de Julien Prioux.
L’ingénieur en chef des Ponts et Chaussées
à Monsieur le Préfet,
J’ai l’honneur de vous retourner la lettre ci-jointe par laquelle M. Prioux entrepreneur de la rectification de la route n° 164 entre La Martyre à Landerneau sollicite le remboursement du cautionnement qu’il a versé pour cette entreprise.
Ces travaux étant aujourd’hui terminés et soldés, rien ne s’oppose à ce qu’il soit fait droit à la demande du sieur Prioux.
Votre dévoué serviteur,
Aumaître
En octobre 1866, Julien Prioux ferme son entreprise et effectue une vente publique aux enchères de ses outils.
La vente est organisée par Me du Beaudiez et a lieu à Voas Glas sur la commune de Landerneau. On peut donc penser que le local de son entreprise se situe là.
L’an 1866, le lundi 29 octobre à une heure de l’après-midi.
Devant Me Henri Charles Marie du Beaudiez et son collègue notaires à Landerneau, arrondissement de Brest, Finistère, soussignés.
A comparu M. Julien Vincent Prioux, propriétaire, demeurant à Landerneau.
Lequel a dit que voulant procéder à la vente par adjudication et aux enchères publiques de tombereaux, charrettes, pioches et autres objets mobiliers situés au lieu de Voas Glas en la commune de Landerneau. Il a été, par son ordre, apposé des affiches annonçant qu’il serait procédé à cette vente ce jourd’hui 29 octobre à une heure de l’après-midi audit lieu de Voas Glas et par le ministère de Me du Beaudiez l’un des notaires soussignés qui a fait ce jour au bureau de l’enregistrement de Landerneau la déclaration prescrite par la loi et ci-après transcrite. Et en conséquence M. Julien Vincent Prioux a requis Me du Beaudiez, notaire, de procéder immédiatement à la vente publique au plus offrant et dernier enchérisseur moyennant paiement comptant des divers objets mobiliers qui ont été trouvé audit lieu de Voas Glas, où nous, notaires, nous sommes transportés et où nous avons trouvé ledit requérant qui nous a requis de procéder immédiatement à la vente dont il s’agit moyennant paiement comptant et de la manière suivante :
1° un tombereau adjugé à Pierre Huguen de Mériennen en Ploudaniel pour 37,50 F ;
...
4° une charrette à bras adjugée à M. Paul du Beaudiez de Saint-Thonan pour 12 F ;
...
7° trois roues adjugées à Jean Louis Inizan pour 24 F ;
8° un essieu adjugé au même Inizan pour 9,50 F ;
...
14° un lot de pelles adjugé à Le Cann de Landerneau pour 5,50 F ;
...
17° un lot de vieilles ferrailles adjugé à Jean Louis Inizan pour 2 F ;
...
28° une hache adjugée à M. du Beaudiez de Saint-Thonan pour 2 F ;
...
32° deux brancards de charrette adjugés à Dolou de Saint-Thonan pour 5 F ;
...
54° un croc à peser adjugé à Caradec de Landerneau pour 2,35 F ;
...
64° un lot de fatras adjugé à Le Roux de Landerneau pour 1,10 F ;
...
68° un coffre adjugé à Guéguen Nicolas pour 6,60 F ;
69° trois civières adjugées à François Gouriou de Landerneau pour 1,25 F.
Total de la vente, sauf erreur ou omission : 552,95 F.
Cette vente annonce un profond changement de vie pour Julien Prioux : il va devenir propriétaire terrien mais aussi paysan défricheur.
Quelques informations complémentaires |
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• Paul Antoine AUBRY DE MARAUMONT, fils de Paul François et de Adélaïde Faugeyroux, naît le 21 décembre 1813 à Quimper. Son acte de mariage en 1837 indique qu’il est employé des Ponts et Chaussées. Lors de la naissance de sa fille en 1851, il est entrepreneur.
• Eugène Aristide Hélène AUMAÎTRE, fils de Jean Marie Nicolas et de Jeanne Marguerite Tanguy, naît le 12 juillet 1809 à Brest. Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, il est affecté à Quimper en 1859. Fin des années 1850, début des années 1860, il effectue des tests de solidité sur le pont tournant de Brest. Il est nommé Chevalier de la Légion d’honneur le 22 janvier 1852.
• Henri Charles Marie du BEAUDIEZ, fils de Sébastien Clair Aimable et de Zoé Marie Françoise de Flotte, naît le 16 juillet 1831 à Saint-Urbain (manoir de Beuzidou). De 1856 à 1882, il exerce la profession de notaire à Landerneau.
En octobre 1866, il procède également à la vente aux enchères des outils de l’entreprise de Julien Prioux.
• Jean Baptiste LOYER, fils de Jean Baptiste et de Marie Vincente La Palu, naît le 16 septembre 1810 à Clohars-Carnoët. Il est dit "entrepreneur" lors du décès d’un de ses enfants en 1847 à Scaër.
• Paul Armand ROUSSEAU, fils de Louis Jean Népomucène Marie et Cécile Emma Michau, naît le 24 août 1835 à Tréflez. Polytechnicien, ingénieur des Ponts et Chaussées, directeur des Routes et de la navigation, député du Finistère, sous-secrétaire d’État des Travaux publics, sous-secrétaire d’État de la Marine et des Colonies, président du Conseil général du Finistère, gouverneur général d’Indochine et sénateur. Il décède à Hanoï en 1896.
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