De Taupont à Hanvec, de Californie à Menez Meur. La vie de Julien Prioux

1849 à 1867. Simonet, Verger et Demolon...

Voilà une période assez confuse d’autant que nous n’avons pas retrouvé tous les actes retraçant les mouvements entre ces trois protagonistes.
Une grande question : pourquoi Adèle Simonet, rentière demeurant à Corbeil, achète-t-elle Menez Meur ? Est-elle portée par l’enthousiasme de l’époque pour le défrichement des terres et les bonnes fortunes réalisées par certains de ceux qui se sont lancés dans cette aventure ?
La vente du 24 janvier 1849 à laquelle procèdent Charles Demolon et François Verger est une sorte de vente à tempérament : elle donne jouissance immédiate de la propriété à Mlle Simonet, pour la somme de 21 000 F, payables par moitié en 1857 et 1861.
Elle doit payer 5 % d’intérêts chaque semestre, au domicile de M. Verger. Cependant, dès l’échéance du 1er juillet 1849, elle n’honore pas cet engagement. François Verger este en justice et l’histoire va se terminer pour elle par une saisie immobilière...
 
Le 14 août 1849 Charles Demolon règle devant notaire les dettes qu’il a envers son associé Verger, seul à financer jusque-là l’achat de Menez Meur.
L’acte du 3 juin 1867 indique : « Cette acquisition avait été faite de M. René Charles Demolon et de Marie Jeanne Le Cam son épouse, et de M. François Jean Verger qui en étaient propriétaires conjointement pour moitié, moyennant un prix de 21 000 F, dont la moitié revenant à M. et Mme Demolon a été déléguée et transportée par eux à M. François Jean Verger à valoir à ce qu’ils devaient à ce dernier, suivant acte de délégation au rapport de M. Le Monnier notaire à Brest, en date du 14 août 1849, enregistré. » Est-ce à dire que Charles Demolon cède ses droits à son associé Verger ou qu’il lui verse 10 500 F ?
 
La suite de l’acte nous laisse croire que Charles Demolon a plutôt cédé ses droits sur Menez Meur. En effet on peut lire dans l’acte du 3 juin 1867 :

Les biens à vendre ont été acquis par M. Demolon de M. François Jean Verger, propriétaire à Nantes, lequel était devenu propriétaire par suite d’adjudication de l’audience du tribunal civil de Brest du 31 mars 1852. Cette saisie immobilière avait été faite par le même M. Verger contre Mlle Adèle Simonet, propriétaire domiciliée à Corbeil.

À quelle date Charles Demolon rachète-t-il le domaine à F. Verger ? L’acte du 3 juin 1867 indique juste qu’il le lui a racheté, sans précision de date.
 

• 24/01/1849. Achat de Menez Meur par Adèle Simonet

Adèle Simonet, de Corbeil, achète la parcelle à MM. Demolon et Verger au prix de 21 000 F.
Le contrat prévoit un règlement en deux fois :
premier règlement de 10 500 F le 1er janvier 1857 ;
deuxième règlement de 10 500 F le 1er janvier 1861,
et des intérêts au taux de 5 % l’an acquittable tous les six mois, les 1er juillet et 1er janvier.
Elle doit par ailleurs supporter tous les frais et charges pesant sur la propriété.
 

Archives départementales du Finistère, 4 Q 5/219 et 4 Q 5/220, 20 mars 1849.

Du 20 mars 1849 a été transcrit l’acte de mutation dont la teneur suit :
Par devant Me Louis Pognot, notaire à Corbeil, soussigné, en présence des témoins ci-après nommés et aussi soussignés.
A comparu M. François Jean Verger, propriétaire demeurant à Paris, rue Chauveau Lagarde n° 2, agissant tant en son nom personnel qu’au nom et comme mandataire de M. René Charles Demolon et de Mme Marie Jeanne Le Cam, son épouse, propriétaires, domiciliés à Camfrout, commune de Guipavas, canton de Landerneau, aux termes de la procuration qu’ils lui ont donné par acte passé devant Me Robert, notaire à Landerneau, le 13 octobre dernier, enregistré.
[...] À Mlle Adèle Simonet, rentière demeurant à Corbeil, rue des Grandes Bordes n° 15, à ce présente et ce acceptant.
[...]
Prix :
Et en outre de ces conditions la présente vente est faite moyennant un prix principal de 21 000 F, que Mlle Simonet s’oblige de payer aux vendeurs ou pour eux à leur mandataire porteur d’une grosse des présentes, à Corbeil, en l’étude du notaire soussigné, savoir :
10 500 F le 1er janvier 1857 et 10 500 F le 1er janvier 1861. Le tout avec intérêt à raison de cinq pour cent par an, sans retenue, à compter du 1er janvier 1849, acquittable tous les six mois les 1er juillet et 1er janvier de sorte que le premier semestre écherra le 1er juillet prochain ; les intérêts seront payés à Paris au domicile que M. Verger indiquera. Il est expressément convenu entre les parties que tous ces paiements en principaux et intérêts ne pourront être effectués autrement qu’en bonne espèce d’or ou d’argent du cours actuel et non autrement.
[...]
Suit la teneur de l’annexe :
Par devant Me Jean François Léger Robert et son collègue, notaires à la résidence de la ville de Landerneau, arrondissement de Brest, département du Finistère, soussignés.
Furent présents M. Charles René Marie Demolon et dame Marie Jeanne Le Cam son épouse qu’il autorise, propriétaires demeurants et domiciliés au village de Camfrout en la commune de Guipavas, canton de Landerneau. Lesquels ont par ces présentes fait et constitué pour leur mandataire général et spécial, M. François Jean Verger, propriétaire demeurant à Paris, rue Montpensier n° 10, auquel ils donnent pouvoir de, pour eux et en leurs noms, vendre soit à l’amiable soit aux enchères, aux personnes et aux prix, charges et conditions que le mandataire jugera convenables, des terrains sous nature de landes, dits Menez Meur, situés en la commune de Hanvec, canton de Daoulas, arrondissement de Brest, département du Finistère, dont ils sont propriétaires en indivis avec ledit sieur Verger, obliger les constituants solidairement entre eux, à toute garantie et au rapport de toutes mains levées, fixer l’époque de l’entrée en jouissance, convenir du mode et de l’époque des paiements de prix, le recevoir en principal et intérêts, en donner quittance, établir l’origine de la propriété, consentir toutes mentions avec ou sans garantie, remettre tous titres et pièces ou obliger les constituants à les remettre, donner main levée et consentir les radiations de toutes inscriptions d’office ou autre. Aux effets ci-dessus passer et signer tous actes, élire domicile, substituer et généralement faire relativement à ce que dessus, tout ce que le mandataire constitué, jugera utile et nécessaire pour parvenir à ladite vente.
Dont acte. Fait et passé à Camfrout en la demeure de M. et de Mme Demolon. L’an 1848, le 13 octobre, et ont les comparants signé avec le notaire, après lecture faite. Signé Demolon, Malléjac, Demolon née Le Cam, et Robert notaire.

• 14/08/1849. Demolon cède ses droits sur Menez Meur

Archives départementales du Finistère, 4 E 75/111, 3 juin 1867.

Cette acquisition avait été faite de M. René Charles Demolon et de Marie Jeanne Le Cam son épouse et de M. François Jean Verger qui en étaient propriétaires conjointement par moitié, moyennant un prix de 21 000 F, dont la moitié revenant à M. et Mme Demolon a été déléguée et transportée par eux à M. François Jean Verger à valoir à ce qu’ils devaient à ce dernier, suivant acte de délégation au rapport de Me Le Monnier, notaire à Brest, en date du 14 août 1849, enregistré.

• 31/03/1852. Menez Meur devient la propriété de François Jean Verger

François Jean Verger devient propriétaire de Menez Meur suite à saisie immobilière contre Adèle Simonet.

Archives départementales du Finistère, 4 E 75/111, 3 juin 1867.

[...] M. François Jean Verger propriétaire à Nantes, lequel en était devenu propriétaire par suite d’adjudication de l’audience des criées du tribunal civil de Brest, sur saisie immobilière du 31 mars 1852.
Cette saisie immobilière avait été faite par le même M. Verger contre Mlle Adèle Simonet, propriétaire, domiciliée à Corbeil, (Seine et Oise).

• Achat de Menez Meur par Demolon

Charles Demolon rachète Menez Meur à François Verger. Le document notarié de 1867 ne donne pas de date, mais la construction d’une ferme et l’installation d’une famille de paysans permettent de situer le rachat entre 1852 et 1856. Voir l’article Entre 1852 et 1859 : construction d’un corps de ferme

Archives départementales du Finistère, 4 E 75/111, 3 juin 1867.

Origine de la propriété :
Les biens à vendre ont été acquis par M. Demolon de M. François Jean Verger propriétaire à Nantes, lequel en était devenu propriétaire par suite d’adjudication de l’audience des criées du tribunal civil de Brest, sur saisie immobilière du 31 mars 1852.
Cette saisie immobilière avait été faite par le même M. Verger contre Mlle Adèle Simonet, propriétaire, domiciliée à Corbeil, (Seine et Oise). Mlle Simonet avait acquis cette propriété suivant contrat passé devant Me Pognot, notaire à Corbeil, le 24 janvier 1849 [...]. Cette acquisition avait été faite de M. René Charles Demolon et de Marie Jeanne Le Cam son épouse et de M. François Jean Verger qui en étaient propriétaires conjointement par moitié, moyennant un prix de 21 000 F, dont la moitié revenant à M. et Mme Demolon a été déléguée et transportée par eux à M. François Jean Verger à valoir à ce qu’ils devaient à ce dernier, suivant acte de délégation au rapport de Me Le Monnier, notaire à Brest, en date du 14 août 1849, enregistré.

• 1863. Charles Le Ray est intéressé par Menez Meur

M. Demolon a des soucis financiers depuis quelques années. Charles Le Ray, son banquier pense que la vente de Menez Meur est inévitable.
 

Archives départementales du Finistère, 96 J 11, 29 octobre 1863.

Rennes, le 29 octobre 1863.
Me Le Floch, notaire à Hanvec,
Je profite de l’offre que vous avez bien voulu me faire d’examiner par vous-même ce que peut être la propriété dite Menez Meur à M. Demolon, tant pour vous rendre compte de sa situation, que du parti qu’on en pourrait tirer, en la vendant soit en bloc, soit par parcelles.
Je vous remets sous ce pli une copie littérale de la désignation de cette terre, telle qu’elle a été faite dans l’acte d’ouverture de crédit que j’ai consenti à M. Demolon en août 1857. Il vous sera facile avec ces indications de voir les lieux puisqu’ils se trouvent dans votre commune. Je vous serai bien obligé après un examen sérieux de me communiquer votre opinion aussi exacte que possible du prix que l’on pourrait retirer de cette terre, et quel serait le mode de vente que vous penseriez être le plus avantageux ?
Vous m’obligeriez beaucoup, Monsieur, en me transmettant ces renseignements sans retard, je regrette beaucoup de n’avoir pu rester sur les lieux pour les prendre avec vous.
Il me semble, d’après le détail ci-dessus, que ces terres ne seraient pas comme vous le pensiez sur la montagne puisqu’elles bordent la route de Landerneau à Quimper.
[...] Ce qui m’importe surtout, comme vous pouvez le voir ce sont de prompts et exacts renseignements sur la terre de Menez Meur.
Je compte sur votre bonne obligeance pour me les procurer. Inutile de vous parler des frais que cela pourra vous occasionner, je m’empresserai de vous en couvrir soit par la poste soit autrement sur votre indication. Suivant tout ce que je puis prévoir je ne doute pas qu’il ne faille prochainement parvenir à la vente.
Agréez, Monsieur, l’assurance de ma considération la plus distinguée.
Charles Le Ray, ancien banquier.

• 1863. Menez Meur intéresse le Comte de Préaulx

M. le comte de Préaulx au château de Tregaret (Pipriac, Ille-et-Vilaine) est intéressé par Menez Meur.
La vente ne se fait pas. Elle a lieu en 1867.

Tregaret, le 6 décembre 1863.
Monsieur,
Je viens d’apprendre que vous êtes chargé de la vente des landes dites de Menez Meur située dans la commune d’Hanvec arrondissement de Brest et de Morlaix en partie. Je viens vous prier de m’adresser une affiche et de me faire connaître l’époque de l’adjudication ainsi que les conditions de la vente. [...]
M. le comte de Preaulx au château de Tregaret par Pipriac, Ille-et-Vilaine.

Archives départementales du Finistère, 96 J 11, 10 décembre 1863.

 

Quelques informations complémentaires

• Yves MALLÉJAC, fils de Yves et de Marie Herrou, naît le 12 frimaire an 5 (2 décembre 1796) à Logonna. De 1822 à 1855, il exerce la profession de notaire à Landerneau.
• Louis Alexis POGNOT, fils de Alexis et de Rose Foy, naît le 29 juillet 1810 à Boisdon (Seine-et-Marne). De 1836 à 1872, il exerce la profession de notaire. De 1845 à 1852, il officie à Corbeil (Essonne).
• Jean François Léger ROBERT, fils de Jean François Léger et de Adèle Michelle Marie Loyer, naît le 1er juillet 1831 à Landerneau. De 1858 à 1875, il exerce la profession de notaire à Landerneau.
• Yves Marie LE FLOC’H, fils de Louis et de Marie Yvonne Rihouay, naît le 15 février 1829 à Prat (Côtes-du-Nord). De 1857 à 1895, il exerce la profession de notaire à Hanvec.

→→ 1867. Julien Prioux →→

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Article mis en ligne le 10 juin 2021, dernière mise à jour le 12 avril 2022.